C'est Noël, la neige (whut?), la bonne humeur, les clochards déguisés en Père Noël dans la rue, avec un vrais gros nez rouge, les sapins qui répandent en même temps que leurs aiguilles une bonne odeur de résine dans les chaumières... et bien entendu, les CADEAUX !
Ah, quel plaisir de les déballer, ou de regarder une personne déballer le cadeau qu'on lui a fait, en pensant aux trente minutes d'angoisse nécessaires POUR PREPARER L'EMBALLAGE !!
Chaque année, c'est la même merde. Sérieusement, j'adore offir des cadeaux, j'aime même beaucoup la période de réflexion intense pendant laquelle on se dit "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui offrir ?", mais par contre, les emballer, c'est un calvaire, un enfer; une fin du monde en soi, bref, c'est chiant.
Déjà, le papier. Faut en acheter, et vu les prix pratiquées, parfois, rien que le paquet c'est un cadeau en soi.
Bon.
Maintenant que le papier est acheté, encore faut-il en avoir assez. Je sais pas chez vous, mais chez moi, y'a un truc qui revient presque chaque année, c'est presque une coutume. Ca se passe comme ça, à peu de choses près :
"Il reste du papier cadeau ?
_J'sais pas, je vais voir... ah nan, y'a de quoi emballer un radis, à peine.
_Bon, ben tu veux bien aller en acheter ?
_Ok. J'en prends quoi ?
_Je sais pas, un rouleau, ça devrait suffire.
_Un rouleau de combien de mètres ?
_Je sais pas, tu regardes, tu te débrouilles."
*ThhhrhrhrhrrhVVRrumm, vruuuum*
*blablablablafrchtfrchtfrchtmouaisstepstepstepvrrrkaCHINGmerciaurevoir*
*ThhhrhrhrhrrhVVRrumm, vruuuum*
"Ah, très bien, ça ira !"
Et, invariablement, trente minutes plus tard...
"Il est où, le papier ?
_Quel papier ?
_Ben le papier cadeau que je suis allé acheter tout à l'heure...
_Ben y'en a plus, pourquoi ?"
En général à ce moment je renssens un sentiment d'agacement extrême accompagné d'une profonde lassitude, et soit je retourne acheter du papier cadeau, soit je prends le premier journal qui vient, après tout, c'est ce qu'on offre qui compte, le papier il finit à la poubelle de toute façon, hein, et puis ça fera original.
Ouais, original. Ou clochard, juste.
Bref, je me munis de ruban adhésif, d'une paire de ciseaux, des cadeaux, du papier, d'eau potable, boîtes de ravioli, réchaud à gaz, lampe frontale, j'enfile mon treillis et mes rangers, je coupe mon téléphone, et me voila prêt.
Alors déjà, le découpage. Vu que je suis dès le départ pluôt agacé, tant par les épreuves passées que par celle qui s'annonce, j'ai envie de faire ça VITE. Or, "vite" et "découpage" ne sont pas des concepts connus pour bien s'accorder. Donc forcément, ça se déchire, ça part de traviole, et ça m'énerve encore plus.
Ensuite, emballer. Déjà, ça n'arrête pas de glisser. Tu tires d'un côté pour fermer, et t'en as plus assez pour l'autre côté. Et puis y'a les coins, aaah, oui, les coins. Tu sais, les coins, là où ça froisse, là où ça fait n'importe quoi, là où tu t'aperçois que t'as coupé trop court (ou que t'as trop tiré pour fermer l'autre côté).
Donc re-découpage, énervage, pliage.
Enfin, faut fermer. Les gens calmes et réfléchis, c'est à dire aux antipodes de tout ce que je ressens à cet instant, auront soit prévu un distributeur de bande adhésive en fonte pour les plus riches, ou simplement prédécoupé des bouts qu'ils auront collés sur le rebord de la table.
Moi, j'ai un doigt sur mon pliage que j'ai ENFIN réussi à faire à peu-près correctement, un doigt qui attrape le ruban adhésif, et le cerveau qui constate qu'à moins de me faire spontanément pousser un troisième bras, ça va encore être très compliqué comme affaire.
Alors j'essaie de couper le scotch avec la bouche, mais d'une part une fois mouillé ce bidule ne colle plus tout-à-fait très bien, et d'autre part il t'en reste un petit bout coincé là, entre l'incisive et la canine.
Au final, je lève fièrement mon trophée au ciel, un amas de bande adhésive et de papier coloré, en me disant que décidément, j'aurai bien mérité de déballer les cadeaux qu'on me fera, à moi.
JOYEUX NOËL A TOUS !